Du soin à la pédagogie
- harmonielr
- 10 juin 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 juin 2018
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Après 11 années dans le monde du soin, j'ai décidé en mai 2016 de me reconvertir. Je souhaitais trouver un métier qui me permette de m'épanouir dans ce que j'imaginais de potentiellement créatif dans ma personnalité.
J'avais pensé devenir coiffeuse-barbier, métier en vogue depuis quelques années, pour me permettre de créer et surtout sortir de ce milieu du soin qui prenait un virage qui ne me convenait plus. J'ai donc pris rendez-vous avec un barbier de ma ville, réputé et amoureux de son métier. Mais en envisageant la possibilité de devenir chef d'entreprise, je mettais de côté ma première passion : la musique.
Après plusieurs soirées de discussions avec mon mari, saxophoniste, la passion qui nous a permise de nous rencontrer est devenue une évidence. Comment oublier mon instrument ? Comment ne pas terminer ce que j'avais déjà bien entamé ?
J'ai eu la chance après mes trois années d'école d'infirmière, de travailler à mi-temps, pour terminer mes études de musique. Tout d'abord au Conservatoire à Rayonnement Départemental d'Evreux (27, Eure) auprès de Sylvain Malézieux en saxophone, Brigitte Arrignon en Culture Musicale, Benjamin Bédouin en Formation Musicale, François Daudet en Musique de chambre et Thierry Patel en Orchestre d'Harmonie.
Je remercie encore Carmen Lefrançois, étudiante tout comme moi, qui a cru en mes capacités et m'a clairement poussée à tenter l'entrée au Conservatoire à Rayonnement Régional de Versailles où j'ai progressé auprès de Vincent David en saxophone, Sylvain Beuf en Bigband. J'ai pu y découvrir le saxophone basse en ensemble, nous avons fait une tournée en Espagne, partagé avec des saxophonistes du monde entier et nous nous sommes révélés en tant qu'artistes.
En 2008, me voici diplômée de deux Diplômes d'Etudes Musicales complets dans deux conservatoires différents et lauréate du Concours International Adolphe Sax de l'Haÿ-les-roses (94, Val-de-Marne).
Mais sans Diplôme d'Etat de professeur de musique, difficile d'enseigner. Je continue donc ma carrière d'infirmière à temps plein et j'enseigne environ cinq heures par semaine durant 5 ans. Je me marie, nous devenons rapidement parents de deux merveilles : Hélory en 2010 et Haure en 2012, un petit tromboniste et une future actrice-humoriste...
J'arrête d'enseigner le saxophone pour me consacrer à mes enfants, leur éducation me paraît primordiale. Je préfère faire une croix sur un "loisir" plutôt que de mettre de côté le plus important : la vie de famille, l'avenir de nos enfants.
Je me forme donc à la pédagogie, à travers eux cette fois, sans vraiment m'en rendre compte.
Puis après six années de polyvalence dans les différents services de la clinique qui m'a vue débuter, je demande à travailler au bloc opératoire. Un monde à part entière... J'y apprends un nouveau métier, beaucoup plus technique, loin de la relation de soins à la chaîne des services.
Je pleure beaucoup la première année, c'est un milieu fermé où l'erreur n'a pas sa place. Je me fais du mal et j'apprends à encaisser les coups.
Au bout d'un an, je m'y plais, je trouve un équilibre, je ne compte plus les nuits d'astreinte, les weekends de travail où les urgences s'enchaînent. J'ai d'ailleurs la superbe renommée d'attirer le travail.
Puis 2016, je fatigue, je m'épuise, j'ai mal partout, je ne me reconnais plus, je deviens une machine à réparer, les deux autres mains du chirurgien, celle qui fait ce qu'on lui demande... Je ne réfléchis plus, je me reconnais plus. Je ne reconnais plus ce métier, ce milieu du soin qui devient semblable à une usine, où l'on impose, par souci d'économie, des temps à l'acte chirurgical, des cotas, de la rigueur, où on oublie que la "matière" que l'on travaille c'est un être humain.
STOP !
Je navigue sur le net : le dépôt de dossier au CEFEDEM de Normandie se clôture dans la quinzaine. Je fonce le lendemain au Fongecif pour une demande de reconversion professionnelle, j'explique mon cas. J'ai l'appui de ma conseillère, qui s'étonne de mon auto-analyse, m'en félicite et me soutient à mille pour cent dans cette aventure.
Mi-juin j'envoie mon écrit... un peu fébrile, je continue tous les soirs de travailler mon instrument, je ne me sens pas prête.
Mais je me présente, coachée par mon mari et mes enfants, soutenue par ma famille et mes collègues dans cette folie de la reconversion.
Je suis admise : ma famille est heureuse pour moi, mes collègues également.
Puis l'été passe, j'attends la réponse du Fongecif, j'essuie un premier refus. Je ne m'arrête pas à cela. J'entame un courrier expliquant mon parcours, mes motivations. Cela paye : je suis financée début septembre. Je rentre au CEFEDEM de Normandie quelques jours plus tard...

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